Le PARIS BREST PARIS DE Philippe DEFOSSE


Le Paris Brest Paris 2011

Par Philippe Défossé
Dossard 6521

Un peu d’histoire

Le PBP existe depuis 1891 et déjà cette première édition de portée nationale remporte un vif succès avec plus de 2OO cyclistes dont quelques tricycles et tandems qui se lancent sur les 1200 kms du parcours. Professionnels et amateurs participent à cette édition avec des soigneurs, des mécaniciens et des entraîneurs. Les changements de bicyclettes pendant l’épreuve sont interdits (elles sont plombées). Le premier compétiteur roule sans dormir et arrive après 71 H 22 mn de course… Dès 1901 la renommée de cette épreuve dépasse nos frontières et la course devient internationale avec deux catégories : les coureurs professionnels et les touristes…Maurice Garin gagne en 52 H 11 et l’américain Charly Miller arrive premier « touriste routier » en 62 H 26 (il faut le faire avec le matériel de l’époque). Dans les années 50 les courses professionnelles sont de plus en plus courtes et les professionnels s’écartent de l’épreuve car l’entraînement nécessaire pour un PBP est beaucoup trop spécifique pour des compétiteurs qui ne peuvent pas sacrifier leur saison sur une seule compétition. Depuis 1956 le PBP cesse d’être une course professionnelle et les randonneurs ont repris le flambeau. Elle devient une randonnée organisée pour des randonneurs à allure libre mais avec des temps à réaliser (moins de 90 h, moins de 84 h ou moins de 80 h). Bien sûr l’esprit de compétition peut exister avec une recherche de performance mais il n’y a ni premier ni dernier mais seulement des randonneurs avec des objectifs différents, avec assistance ou sans assistance, du vélo de course ultra léger ou des engins à deux ou trois roues pour des cyclotouristes hommes ou femmes de 18 à 80 ans.

Mon Paris Brest Paris 2011

L’inscription à l’épreuve a nécessité de réussir au préalable des brevets de 200, 300, 400 et 600 kms dans un temps imparti. Afin de limiter les inscriptions en 2011 le club organisateur avait prévu des préinscriptions (inscription prioritaire) pour les randonneurs ayant réussis des brevets en 2010. Pour ma part j’ai effectué un brevet de 400 et un brevet de 600 sur Verberie en 2010. Sur ce Paris Brest Paris je n’ai pas encore tous les chiffres mais nous étions plus de 5200 participants de 45 nations différentes. Le départ pour les vélos solos était prévu de 18 h à 22 h. L’organisation nous fait entrer dans un stade puis dans un sas de départ par groupe de 500 cyclotouristes. Je suis parti de St Quentin en Yvelines dimanche à 19h45 avec en objectif de rejoindre Loudéac le lundi soir pour y dormir. Les conditions favorables me permettent rapidement d’envisager de rejoindre l’étape d’après soit Carhaix-plouguer kms 525 que je rejoins à 20h42 lundi…
Mes étapes du parcours à l’aller :
- St Quentin en Yvelines kms 0    Dimanche vers 19h45 le départ
- Villaines-La-Juhel     kms 221  Lundi 22 vers 5h29
- Fougères               kms 310  Lundi 22 vers 9h43
- Tinténiac              kms 364  Lundi 22 vers 12h12
- Loudéac                kms 449  Lundi 22 vers 16h38
- Carhaix-Plouguer       kms 525  Lundi 22 vers 20h42  pause avec 4 heures de sommeil dans uns salle de sports

Puis au retour :
- Carhaix-Plouguer       kms 703  Mardi 23 vers 12h37
- Loudéac                kms 782  Mardi 23 vers 16h27
- Tinténiac              kms 867  Mardi 23 vers 20h49  pause et 4 heures de sommeil dans le dortoir d’un lycée
- Fougères               kms 921  Mercredi 24 vers 5h38
- Villaines-La-Juhel     kms 1009 Mercredi 24 vers 10h29
- Mortagne au Perche     kms 1090 Mercredi 24 vers 14h38
- Dreux                  kms 1165 Mercredi 24 vers 18h29
- St Quentin en Yvelines kms 1230 Mercredi 24 à 21h39
Soit un périple de 1230 kms en 73h59.

Les incidents mécaniques :

A 60 kms du départ je peste un peu, il fait déjà nuit et je crève alors que j’étais dans un paquet qui roulait à bonne allure et surtout à mon allure. Réparation faite (on est heureux d’avoir une lampe frontale), je reprends la route. Au bout de 5 mn je me fais doubler par un groupe d’une dizaine de cyclotouristes. Je profite de cette aubaine pour rejoindre ce groupe
Au retour, l’attache en aluminium du sac de guidon a cédé. J’ai pu effectuer une réparation de fortune avec un collier plastique emporté dans ma boîte à outils.

Les difficultés :

- des baisses de régime liées au besoin de sommeil qu’il faut assumer car à d’autres moments on retrouve des sensations positives sur le vélo
- de la pluie à Carhaix-plouguer à l’aller mais j’échappe aux gros orages
- du brouillard la nuit entre Carhaix et Brest (j’ai repris la route à 3 heures du matin) avec du dénivelé mais surtout une attention soutenue nécessaire car de la circulation.

Les points positifs :

Je ne suis pas seul à rouler la nuit (je le déconseille), vu le nombre de participants j’ai passé la première nuit en compagnie de randonneurs américains de Seattle et la deuxième nuit avec un randonneur parisien rencontré la veille à la cantine du relais sur Tinténiac.

Bon pour le moral :
lorsque je vire à Brest je croise pendant plus de deux heures d’autres randonneurs, je me sens moins seul dans la galère et en plus je suis déjà sur la route du retour. Du public sur tout le parcours, adeptes du vélo qui vous encouragent (même la nuit). Merci à ce riverain en Mayenne qui m’a offert quelques pêches de son jardin…Merci au cyclotouriste qui m’a proposé de dormir à l’aller chez l’habitant près de Loudéac (mais je n’étais pas assez « cuit » pour accepter et je voulais rejoindre Carhaix avant la tombée de la nuit).

L'’alimentation :

Certains roulent à l’eau, pour moi je prends toujours une boisson isotonique (isostar ou overstim), j’avais de quoi tenir 600 kms dans le sac de guidon et sur chaque étape on peut acheter de quoi. Le risque de déshydratation est important sur les longues distances et il faut l’éviter à tous prix car il faut plusieurs heures pour récupérer.
Il faut manger régulièrement (plus de 33000 calories) mais pas trop à la fois, des féculents et une viande au repas bien sûr mais également bananes, fruits secs et pâtes de fruits. L’estomac est mis à contribution, après 600kms on gère comme on peut en mangeant ce qui passe encore au gré de ses envies.

Un truc entendu sur ce Paris-Brest-Paris :
Il faut se priver pendant plusieurs semaines avant le raid de café afin de déshabituer le corps. Lorsqu’on reprend du café pour lutter contre le sommeil pendant l’épreuve la caféine a plus d’effet.

Quelques chiffres lors de ce Paris Brest :

J’ai effectué 1230 kms avec plus de 11000m de dénivelé en 74 heures. J’ai du dépenser plus de 33000 calories. Ma vitesse moyenne reste modeste avec 23kms/heure d’affichés au compteur. Au total je suis resté 53H30 sur la selle et je me suis reposé 20h30 dont 8 heures réservées pour dormir. J’ai donc une moyenne générale, arrêts compris de 16.60 Kms/h dont je suis très satisfait car j’envisageai de rentrer avant le départ en 85 heures pour battre mon record personnel de 86 heures en 1999… Vitesse minimum 8kms/heure, vitesse maximum 68 kms/h (sûrement une belle descente)
Poids total de la randonneuse 23,3kgs avec les bidons pleins

Poids du cycliste 67.7kgs
Poids total roulant 91 kgs
Les plus rapides vont faire le parcours en 42 heures et les moins rapides en 90 heures. L’ensemble des statistiques seront sur le site du Paris Brest mi- septembre. Cette année, au regard des conditions météorologiques je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’abandons (en 2007 record battu avec 25 % d’abandons à cause de la pluie et du froid).

La spécialité:

Et pour en terminer sur le Paris-Brest-Paris et pour les plus gourmand Il faut évoquer la fameuse pâtisserie Paris-Brest qui fut créée à la fin du XIX siècle par un pâtissier de Maisons-Laffitte, Louis Durand habitant sur le parcours qui est à l'origine du gâteau en 1910 en hommage à cette course mythique dont le créateur Pierre Giffard lui demande de le faire. Cette pâtisserie évoque par sa forme une roue de vélo de course ... Je ne vous donne pas la recette car la place me manque mais vous la trouverez facilement sur le Net.
Espérant vous avoir mis en appétit sportivement et culinairement.

Philippe Défossé